Rappel : Le solde naturel exprime la différence entre le nombre de décès et le nombre de naissances enregistrés sur une période donnée, dans un territoire donné. Il peut être positif ou négatif.
La population d’un territoire peut en effet évoluer en nombre de deux manières, soit en dégageant un excédent de naissances par rapport au nombre de décès enregistrés pour une période donnée,
soit en accueillant des populations en provenance d’autres territoires.
Ces deux mécanismes démographiques se mesurent en observant l’évolution des soldes naturels et migratoires. Selon leur évolution, la population croît ou décroît.
Les deux anciennes régions normandes ont suivi des trajectoires similaires. Toutes les deux appartenaient au croissant fertile français, une zone regroupant plusieurs régions du nord-ouest
français enregistrant des taux de natalité et de fécondité supérieurs à la moyenne nationale. Dans ce contexte plutôt favorable, les deux anciennes régions qui forment aujourd’hui la Normandie
dégageaient des soldes naturels positifs.
Depuis la fin des années 1990, les comportements démographiques se sont calqués sur ceux de l’hexagone ; les taux de natalité ont eu tendance à s’abaisser passant ainsi de plus de 14
naissances pour 1 000 habitants dans les années 1980 à 10 naissances pour 1 000 habitants en 2014 en Basse-Normandie et 12 pour 1 000 en Haute-Normandie. Cette évolution que l’on
observe dans la quasi-totalité des pays ayant achevé leur transition démographique s’explique par des évolutions sociétales : recul de l’âge à la première maternité, recul de l’âge au mariage,
baisse des mariages, allongement des durées d’étude...
Parallèlement à cette baisse substantielle des naissances, les décès ont également régressé des années 1980 au début des années 2000.
Mais depuis cette date, la tendance s’est inversée et les décès repartent à la hausse. Cette évolution de la courbe de la mortalité est directement liée à la coexistence de plusieurs phénomènes
démographiques qui se sont cumulés dans le temps ; dans un premier temps, l’allongement de la durée de vie progresse grâce à l’amélioration des conditions sanitaires et sociales, aux progrès
dans les domaines de la prévention, des dépistages et des traitements des affections lourdes. S’ajoutent à ces améliorations notables, d’énormes progrès réalisés dans la lutte contre la mortalité
infantile. On vit plus longtemps et en meilleure santé. Les générations âgées qui sont potentiellement concernées par ces progrès sont celles des classes creuses nées dans l’entre-deux
guerres ou durant le conflit. Moins nombreuses, elles n’engendrent pas un nombre de décès important. La courbe des décès à donc tendance à s’abaisser. Les taux de mortalité regrèssent. Dans
un second temps, et parce que les classes d’âges concernées correspondent aux classes d’âges du « baby-boom » nées après guerre, le nombre de personnes âgées augmente et avec lui le
nombre des décès alors même que la population s’accroît moins rapidement faute de générations nombreuses procréatrices. Dès lors les taux de mortalité repartent à la hausse. Ils n’illustrent pas
une situation sanitaire ou sociale dégradée mais bien un vieillissement accentué de la population.
Dans la région, les taux de mortalité des différents départements oscillaient entre 8,5 et 10,2 pour 1 000 habitants en 1999 ; ils repartent tous à la hausse en 2013, s’échelonnant
entre 8,7 (Eure) et 11,5 pour 1 000 dans l’Orne, département le plus vieilli de la région Normandie.
Ces évolutions des naissances et des décès ont un effet immédiat sur l’évolution des soldes naturels. Jusqu’àlors les naissances dépassaient les décès et permettaient de dégager des excédents
naturels assurant une croissance régulière de la population. Depuis le début des années 2000, les naissances ne permettent plus de compenser dans certains territoires les décès de
population.
Si le solde naturel est encore positif au niveau régional ( + 0,41% par an en moyenne ), des différences sont observables à l’échelle communale. Les communes en périphérie des grandes aires
urbaines affichent des soldes naturels positifs, ce sont ces mêmes communes qui accueillent les jeunes couples souhaitant accéder à la propriété individuelle. A l’inverse, les littoraux et
certaines zones plus rurales du sud Manche ou du Pays d’Auge enregistrent des soldes naturels négatifs. Ils correspondent dans la majeure partie des cas à des communes vieillies ou
vieillissantes. La commune normande qui affiche le solde naturel négatif le plus important se situe en Seine-Maritime ( Crespin : - 6,9% ), alors que les trois grandes agglomérations
normandes de Caen, Rouen et Le Havre présentent toutes les trois des soldes naturels positifs témoignant de leur attractivité et du dynamisme démographique en résultant.
Cet indicateur essentiel à la compréhension de l’évolution des populations ne peut cependant à lui seul justifier les croissances ou décroissances démographiques des territoires. Il doit être
complété par l’analyse du solde migratoire.
Cet indicateur essentiel à la compréhension de l'évolution des populations ne peut cependant à lui seul justifier les croissances ou décroissances démographiques des territoires. Il doit être complété par l'analyse du solde migratoire.