Les plus jeunes, 2012
Auteur : Frédérique Turbout
En 2013, un Normand sur trois avait moins de 20 ans. En France métropolitaine, ce même rapport était de un sur quatre. La région se situe donc au dessus de la moyenne nationale. Pourtant, tous les départements normands ont connu depuis 1982, une baisse des jeunes de moins de 20 ans, en nombre mais également proportionnellement à leur population totale. Entre 1982 et 2013, la Normandie a vu le nombre de ses jeunes baisser de quelques 205 000 individus, soit une décroissance de l'ordre de 17 %. Entre départements normands, les différences sont souvent plus marquées, particulièrement entre les deux anciennes régions et leurs départements respectifs.
En Haute-Normandie, sur la même période, la baisse des moins de 20 ans s'élève à quelques 28 000 jeunes (-14%). Les évolutions démographiques de cette classe d'âge dans la région sont cependant très contrastées : alors qu'en Seine-Maritime, la baisse de cette classe d'âge est de l'ordre de 19 %, elle atteint à peine 1,4 % de baisse dans le département de l'Eure. Ce dernier confirme encore une fois son dynamisme démographique.
En Basse-Normandie, la baisse des plus jeunes est presque quatre fois plus importante qu'en Haute-Normandie, avec une baisse de près de 110 000 jeunes de moins de 20 ans. Les différences entre départements sont ici aussi très marquées. L'Orne arrive en tête des chutes et affiche une décroissance de l'ordre de 30,8 % (-35 786 individus). La Manche suit avec une baisse de 23,7 % de cette classe d'âge, soit presque 43 000 jeunes de moins en 30 ans. Le Calvados conserve sa position de moteur démographique régional en affichant une décroissance deux fois moins importante que ces voisins Manche, Orne et même Seine-Maritime.
Ces évolutions démographiques sont certes le lot de nombreux départements en France, mais le phénomène est amplifié en Normandie car la plupart des départements appartenaient à l'ancien croissant fertile français et présentaient donc un profil démographique plutôt jeune et dynamique.
Au fil du temps, ces traits de caractère se sont amoindris pour aujourd'hui suivre le modèle hexagonal.
Si la part des jeunes est moins importantes dans les départements normands aujourd'hui qu'il y a trente ans, c'est aussi parce que la part des plus âgés a fortement augmenté du fait de l'arrivée dans cette classe d'âge des enfants du baby-boom. Les pyramides des âges changent de forme et affectent les structures de la population à tous les niveaux géographiques, du national au local.
Dans les communes de plus de 3 500 habitants en Normandie, celles qui affichent des proportions de jeunes de moins de 20 ans les plus faibles sont en majeure partie situées en bordure du littoral : c'est le cas de Courseulles-sur-Mer, de Deauville, de Cabourg, de Saint-Pair-sur-Mer ou bien encore de Trouville. Les autres communes ayant une proportion de jeunes inférieure à 20 % sont avant tout des communes rurales, du sud Manche ou de l'Orne. A l'inverse, les communes qui accueillent le plus de jeunes proportionnellement à leur population se situent toutes à proximité des grandes agglomérations : c'est le cas de Saint-Etienne-du-Rouvray, de Grand Couronne, de Val de Reuil, ou bien encore d'Ifs et d'Elbeuf.
L'une des explications de cette géographie des jeunes en région réside dans l'accès au logement et à l'emploi. Difficile pour un jeune ménage avec enfants aux revenus moyens de trouver à se loger dans les communes touristiques réputées du littoral normand. Difficile également pour des ménages aux revenus faibles ou moyens de trouver un emploi en milieu rural et plus encore lorsqu'il s'agit d'un premier emploi. Couplés à des naissances plus nombreuses dans les communes en périphéries des grandes villes, ces quelques éléments contribuent à différencier les territoires.
En fait, tous les départements vieillissent et la baisse de la proportion de jeunes au sein de la population départementale témoigne de cette évolution des territoires. Dans ces conditions, le rapport entre jeunes et plus âgés à tendance à augmenter, peu à peu la part des plus âgés dépasse celle des plus jeunes. Ce rapport mesuré grâce à l'indice de vieillissement est un marqueur devenu essentiel à la compréhension du vieillissement de la population. Accompagné de son équivalent mesurant le rapport entre personnes âgées et personnes à l'âge actif, il permet de témoigner du vieillissement en cours.
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